Musique de Friedrich von Flotow, livret de Henri de Saint-Georges
Deux représentations ont eu lieu, le Dimanche 16 juin 2024 à 12h30 à L’Entrepôt (Paris 14e) et le Lundi 24 juin 2024 à 20h au Théâtre Grévin, (Paris 8e)
Les représentations se sont très bien passées, vous trouverez les critiques à la fin de l’article !
L’action se passe en 1707, pendant la guerre des Cévennes, après la Révocation de l’Édit de Nantes. Le Comte de Rollecourt, donné pour mort, fusillé après un acte de bravoure et de générosité, s’est enfui en Savoie et gagne sa vie grâce à ses grands talents de sculpteur. Une de ses anciennes servantes de ferme, la jeune et jolie Jeanne, secrètement amoureuse de lui, également en fuite après le massacre de sa famille, le revoit et, stupéfaite, croit voir une ombre.
La jeune veuve et riche fermière, Madame Abeille, qui regardait Fabrice (le Comte) d’un œil favorable, complique un peu l’action. Le Docteur, parrain de Jeanne, décide d’épouser celle-ci pour palier toute rumeur désagréable.
On apprend que le Capitaine grâce auquel le Comte a pu s’échapper est sur le point d’être exécuté à la place du Comte…
Tout finit bien…
Friedrich von Flotow (1812-1883), Baron de Teutendorf, est le descendant d’une vielle famille aristocratique du Mecklembourg. Au lieu de la carrière diplomatique à laquelle son père le destinait, il choisit la musique qu’il alla étudier à Paris avec Pixis et Reicha, rencontrant Rossini, Meyerbeer, Boieldieu… mais les journées de juillet 1830 le chassèrent vers l’Allemagne d’où il revint régulièrement. Plus tard il se laissa influencer par ses amis Gounod et Offenbach à qui il doit sans doute son style léger et clair et son lyrisme charmeur. Son œuvre la plus célèbre est Martha, toujours jouée aujourd’hui avec le même succès. Sa carrière se fit des deux côtés du Rhin et il eut une vie sentimentale compliquée. Trois mariages, dont deux avec deux sœurs. Ce profil original doit être une raison pour laquelle L’Ombre, sans doute une de ses meilleures productions, est injustement oubliée. Représentée à l’Opéra-Comique le 7 juillet 1870, l’œuvre fut ensuite reprise à Vienne au Theater an der Wien le 10 novembre 1871 sous le titre Sein Schatten.
Madame Abeille, Clémentine Decouture
Jeanne, Flore Royer
Fabrice, Charles Mesrine
Le Docteur, Nicolas Bercet
Direction artistique et piano, Françoise Tillard
Et voilà les critiques :
Daniel Le Marrec de Carnets sur Sol sur http://operacritiques.free.fr/css/ :
« J’en ai vu la première représentation, le 16 juin : œuvre très prenante, musique riche, artistes aux voix et dictions exceptionnelles : la meilleure soirée d’opéra comique que vous pourrez faire cette saison ! Toutes les obsessions du XIXe siècle semblent passer dans ce livret, la musique explore également, de l’orage aux scènes de table, les grands morceaux imposés du genre. Et j’ai été inhabituellement saisi et ému par l’intensité du résultat dramatique.) »
Pierre René Serna sur concertclassic
https://www.concertclassic.com/article/lombre-de-friedrich-von-flotow-au-theatre-grevin-un-retour-merite-et-reussi-compte-rendu écrit :
« La production de « Parole et Musique » restitue l’intégralité de la pièce, hors quelques coupures dans les dialogues parlés, dans une version de concert avec piano. L’écrin évocateur et d’une belle acoustique du Théâtre Grévin se révèle tout à fait approprié à ce qui est devenu un opéra de chambre. Les quatre chanteurs (nul chœur dans cet ouvrage) se donnent entièrement et répartissent leurs rôles avec un jeu d’une réelle présence. Le ténor Charles Mesrine, que nous avions déjà apprécié en d’autres occasions, s’empare du rôle clef de Fabrice, le comte fuyard, avec une projection d’un bel allant. La mezzo Flore Royer exprime l’enamourée Jeanne par des prouesses de colorature à l’image du rossignol qu’elle évoque. Le baryton Nicolas Bercet campe le Docteur de l’histoire d’une ferme faconde, tandis que Clémentine Decouture élance pleinement son soprano pour Madame Abeille, l’entremetteuse. Et tous se réunissent dans des ensembles, du duo au quatuor vocal, attaqués dans un parfait équilibre, pour cette partition qui porte si bien les voix. …/…
L’accompagnement de piano (dans la réduction de l’auteur), revient à Françoise Tillard, au jeu d’une belle expressivité, de même que la direction artistique d’une œuvre qu’elle a eu l’excellente idée de sortir de l’oubli. On passe ainsi du mélodrame à la fête, de l’orage à des moments dramatiques puis à l’apaisement, au cours d’un ouvrage très évocateur. Un retour vivement et ardemment rendu ! »
Charles Arden dans Olyrix https://olyrix.com/articles/production/7696/l-ombre-friedrich-von-flotow-henri-de-saint-georges-opera-de-poche-24-juin-2024-article-critique-compte-rendu-theatre-grevin-paris-clementine-decouture-flore-royer-charles-mesrine-nicolas-bercet-francoise-tillard est tout aussi enthousiaste dans un long commentaire :
« La richesse des parties vocales résonne pleinement avec la partie instrumentale, la composition osant aussi bien la chanson légère (facile à retenir mais pas si simpliste à faire, au contraire) que les riches harmonies post-romantiques. »
Jean Michel Pannetier de Forum Opéra a fait un long interview de Françoise Tillard publié dans ForumOpéra https://www.forumopera.com/francoise-tillard-flotow-nous-montre-quon-peut-etre-heureux-meme-face-aux-plus-grands-malheurs/